Qu’il était révoltant, le spectacle lamentable de nos dirigeants après l’attentat de la Mosquée de Bayonne, ce 28 octobre dernier. Quoi ? Stupeur, effroi, indignation ? Larmes de crocodiles ! Jusqu’au Rassemblement National qui condamnait l’acte de son ancien candidat de 2015, un ancien militaire qui ne s’est pas découvert raciste sur le tard, pourtant.
Alors que la farce électorale battait son plein, Blanquer et Oudoul s’en sont donnés à cœur joie pour remettre l’islamophobie au centre du débat public. Le candidat du très catholique Rassemblement National et le ministre de l’Education Nationale – qui vient de faire cadeau de 150 millions d’euros de fonds publics aux écoles privées grâce à sa loi « Pour une école de la confiance » – ont instrumentalisé sans vergogne la laïcité pour stigmatiser les musulmans. Car ils ne sont pas plus partisans de la laïcité l’un que l’autre. Mais il faut bien polariser les électeurs – tristes moutons – sur un sujet qui aboutisse à l’alternative politique qui leur convient : le choix Macron/Le Pen. Mais les mots ont un poids et peuvent tuer. Et la classe politique nous entraine sur la voie de la guerre civile.
A un peuple dont les principales préoccupations restent la santé, les retraites, le pouvoir d’achat et l’environnement, le gouvernement répond par une politique ultra libérale inspirée de la stratégie des chocs. La nouvelle loi sur le chômage paupérise un peu plus les précaires, les hôpitaux publics sont sinistrés et le pouvoir d’achat des revenus bas et moyens a décliné. Quant à l’environnement, Bayer-Monsanto peut sabrer le champagne…
Il faut maintenant s’attaquer aux retraites. Et pour cela, quoi de mieux qu’une politique à la Thatcher ? Ce qui a permis à la dame de fer de réaliser sa politique antisociale, c’est sa victoire hautement symbolique sur le fer de lance de la classe ouvrière anglaise : les mineurs. Macron veut faire de même avec les cheminots, d’où le bashing qu’ils subissent dans les médias depuis le droit de retrait qu’ils ont exercé suite aux trois accidents ferroviaires des quinze derniers jours d’octobre et dont le dernier a viré au drame.
Alors c’est l’impasse : ou un mouvement social d’une ampleur et d’une détermination inégalées, capable de faire face à la répression brutale qui l’attend, de toute évidence, ou une France dans le désarroi capable de tomber dans les bras de l’extrême droite comme bon nombre de peuples qui ont subi les effets des politiques libérales comme la Hongrie, le Brésil, l’Inde, l’Italie ou les Etats-Unis. Dans les deux cas la violence. Avec l’économie de la dictature pour le premier, car dans les pays cités, les mouvements sociaux reprennent de l’ampleur pour une raison aussi simple qu’évidente : la misère y perdure et les nouvelles élites populistes s’avèrent être des servantes du capitalisme aussi zélées que les autres.