Voici la position de la CNT de Pau sur le mouvement des retraites (21 mars 2023) :
L’heure n’est plus aux demi-mesures !
Avec l’annonce du 49.3 pour faire passer la « réforme » des retraites, Macron et ses partisans ont lâché le morceau : s’il faut absolument faire cette réforme, c’est pour satisfaire les financiers1.
Alors que deux grandes banques (l’une suisse, l’autre américaine) sont sur le point de replonger les économies dans le marasme, comme en 2008, le gouvernement nous fait savoir qu’il est prêt à passer en force, coûte que coûte, pour se plier au desiderata des financiers. Des financiers que les Etats sortiront d’affaire, comme en 2008, avec notre argent, lorsqu’ils auront joué et perdu les économies de celles et ceux qui auront pu se ménager un complément retraite. Les gouvernants font toujours le même choix, les cadeaux sont pour les amis, les parasites. Et pour cela, on prend au peuple qui produit les richesses en sacrifiant son temps de vie. Faut-il rappeler les centaines de milliards distribués, sans contrepartie, aux entreprises qui gavent les actionnaires en battant chaque année des records de bénéfices nets et les 413 milliards de financement de la loi de programmation militaire (et en réalité l’industrie des fabricants de canons), pour 2024 à 2030 ? Au total les lois du massacre social du peuple français serviront à financer tout cela en ajoutant la loi de transition énergétique, c’est à dire du futur parc nucléaire.
En attendant, il ne suffit pas de nous faire payer le covid et les cadeaux faits aux riches grâce à l’inflation, il faut encore tenir les engagements pris vis à vis des financiers, et en premier lieu de la banque européenne, à savoir : la réforme de l’assurance chômage, la réforme des retraites, et « des politiques du logement et du marché du travail »2. A celles et ceux qui doutaient encore, le message adressé est clair : c’est la guerre de classes, nous allons vous détrousser jusqu’au dernier euro et vous travaillerez pour nous jusqu’à votre dernière heure de vie car vous êtes nos esclaves, nos bêtes de somme.
L’heure n’est plus à tergiverser ni à se bercer d’illusion : l’immense mouvement de protestation qui embrase le pays ne recevra qu’une réponse, celle de la violence d’État. Ils sont prêts à tout, ils sont prêts à frapper et ils frappent déjà. Rappelez-vous des gilets jaunes : si le mouvement se contentent de manifestations, ils joueront l’usure et ils éborgneront à tout va. Rappelez-vous des raffineries,cet hiver : si le mouvement de grève en reste à quelques secteurs isolés, même dans des positions clés, ils vont réquisitionner, sanctionner et frapper encore, et ils frappent déjà.
Les leaders syndicaux nationaux sont des irresponsables avec leurs propos sibyllins pour éviter d’assumer la responsabilité de la généralisation du mouvement : nous ne pouvons pas continuer à tourner autour du pot. Nous le disons clairement : notre seule force c’est le nombre, notre seule arme la solidarité. Grève générale, grève générale ! C’est la seule voie : bloquer le pays pour que l’Etat ne puisse pas attendre l’essoufflement, être tous en grève pour qu’il ne puisse pas viser des secteurs isolés.
La grève est un sacrifice, c’est sûr, mais ils nous font la guerre et ils nous prendront tout si nous les laissons faire. Rappelons leur ce que c’est qu’un peuple en colère.
1 Macron a dit : « Je considère qu’en l’état, les risques financiers, économiques sont trop grands. » (« Réforme des retraites : Macron justifie le 49.3 en invoquant des « risques financiers trop grands », Elsa Conesa, Le Monde, 16 mars 2023.). Alain Minc l’avait déjà annoncé : « Cette réforme a une portée symbolique à laquelle il faut accepter de céder peu importe les concessions qu’il va falloir faire. Et comme le Président de la République, qui sait ce que sont les règles du monde financier, ne peut qu’être conscient de ça, il ne cédera pas » (« Retraites : une réforme pour les actionnaires » Matthias Tavel, la tribune 23 Jan 2023)
2 voir « La réforme des retraites française est-elle vraiment dictée par Bruxelles ? », Adrien Sénécat, Le Monde, 12 janvier 2023.