La CNT tient à alerter sur le danger que représente l’instrumentalisation à des fins politiques des neurosciences que porte aujourd’hui le ministre de l’Education, avec l’appui de l’Institut Montaigne.

Nous ne remettons pas en cause l’apport des neurosciences dans la connaissance du cerveau et de l’enseignement cognitif mais nous ne pouvons pas accepter que la pédagogie, qui est l’essence de notre métier, en soit réduite à ça. Les neurosciences sont un apport, pas un substitut.

Les élèves ne sont pas des clés USB et il est dangereux et absurde de ne pas prendre en compte les dimensions humaines dans lesquelles ils évoluent. Un élève est un individu, un être de désir, qui est confronté à ses envies, ses frustrations, ses inquiétudes. Il évolue dans un contexte familial et social qui lui est propre. Il construit des relations avec ses camarades, ses professeurs. Les sciences de l’éducation apportent des éléments de compréhension tout aussi importants pour les professeurs que les neurosciences. Elles sont aujourd'hui mise à l'écart par le ministre. Enseigner reste avant tout susciter le désir d’apprendre.

Les propos du ministre nous inquiètent car il ne fait à aucun moment allusion aux élèves, aux parents et aux professeurs en tant qu’acteurs. Il semble vouloir mettre le corps enseignant sous la tutelle du comité scientifique qu’il vient de créer. Nous rappelons que, depuis Jules Ferry, la liberté de choix des enseignants n’a jamais été remise en cause car c’est une question de bon sens : nous travaillons avec l’humain, nous devons nous adapter à l’humain.
La perspective d’une tutelle d’un conseil de scientifiques est inquiétante tant sur le plan éthique que sur le plan de l’efficacité.

Par ailleurs, nous ne pouvons pas ignorer la dimension politique de l’entreprise. Laisser croire que l’échec scolaire n’est qu’une question technique qui peut être réglée par des experts scientifiques, c’est écarter le champ social et les questions de moyens. Au bout du compte, c’est laisser croire à une solution miracle illusoire qui reviendrait à sous entendre qu’après cela, celui qui ne réussit pas est responsable de son échec. C’est bien le fondement de la pensée libérale depuis Malthus : une belle hypocrisie qui n’a d’autre but que de justifier la misère et donner bonne conscience à ceux qui l’exploitent.

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