Nous sommes un syndicat et nous nous basons sur trois principes:

1) anti-autoritarisme: nous fonctionnons en assemblées générales souveraines, toutes celles et ceux qui ont des responsabilités dans notre syndicat sont mandatés (ils ont un mandat précis à accomplir) et révocables (s’ils ne respectent pas leur mandat). Nous pratiquons la rotation des tâches pour éviter la personnalisation. Nous souhaitons que la société fonctionne également sur ces bases, ce qui implique que nous ne reconnaissons pas le système de délégation de pouvoir actuel et nous refusons d’être inféodé à un parti politique. Pour nous les partis politiques font partie du problème, pas de la solution. C’est la raison pour laquelle nous prônons une abstention consciente et active : tant que nous laisserons à d’autres le soin de décider et d’agir à notre place, il ne faudra pas s’étonner que nos intérêts ne soient pas défendus. Nous voulons remplacer le régime actuel par une fédération de communes libres organisée selon les principes de la démocratie directe que nous venons d’évoquer. Nous voulons que les entreprises autogérées se fédèrent de même. Cela veut dire également que toutes les luttes qui concernent l’égalité des droits (féminisme, LGBT+, lutte contre le racisme, légalisation des sans papier, droit des gens du voyage etc.) nous concernent. En conséquence logique, nous refusons les subventions. Nous ne dépendons que de nous mêmes et de nos sympathisant(e)s

2) anticapitalisme: nous ne reconnaissons pas la propriété privée des moyens de production qui légitime le pouvoir d’un seul (ou d’actionnaires) sur nos vies, sur nos conditions de travail, sur ce que l’on produit et la manière dont on le produit et sur la répartition des richesses. Nous sommes partisans de l’autogestion (sur les principes antiautoritaires précités): les moyens de production doivent appartenir à celles et ceux qui les utilisent. Nous considérons que le système actuel et la recherche du profit sont la source des inégalités, la cause de nombreuses guerres et l’origine de cette mondialisation de l’économie qui détruit la planète, met en concurrence les travailleurs les uns avec les autres et propage les pandémies. Nous ne pensons pas que l’on puisse améliorer le système, nous pensons qu’il faut en changer. En conséquence nous refusons de participer aux organismes paritaires de cogestion.

3) solidarité : nous ne sommes pas un groupe affinitaire qui choisirait ses membres selon des critères élitistes, nous sommes une organisation d’exploité(e)s qui veulent être solidaires les uns avec les autres parce que nous considérons que c’est notre arme la plus puissante et la plus précieuse. C’est pour cela que nous ne sommes pas organisés en tendances, comme dans un parti politique, ou en groupes où l’on se coopte, comme dans certaines organisations libertaires, ni même par métier, comme dans les syndicats corporatistes, mais géographiquement, par localités et lieux de travail. Toutes celles et ceux qui se reconnaissent dans les principes que nous évoquons ici sont les bienvenu(e)s. Cela veut dire également que nous participons tous, à notre mesure et selon nos disponibilités, à la solidarité qui nous permet de nous défendre les uns les autres. C’est pour cela que nous refusons les permanents syndicaux car nous ne voulons pas d’un syndicat avec d’un coté des spécialistes qui seraient chargés d’agir et des adhérents qui payeraient une cotisation pour bénéficier de ce service. Cela veut dire aussi que notre action ne s’arrête pas aux actions dans les entreprises: les luttes sur le logement, les questions alimentaires, les luttes de quartier, les lutte de défense du territoire et de protection de notre environnement, les problèmes des chômeurs et des précaires, des étudiants, des sdf nous concernent aussi. La solidarité est la base indispensable pour construire une société pacifiée, qui ne tient pas par la force et la domination de quelques uns sur la masse mais parce que chacun y trouve son intérêt. Mais la solidarité n’est pas quelque chose d’immuable et d’éternel : il faut l’entretenir et la développer grâce à nos pratiques. Le fonctionnement collectif en assemblées générales souveraines où chacun participe aux décisions et garde sa part de contrôle sur le travail collectif permet de développer cette solidarité, quelques soient les luttes, les actions menées. Et en cherchant à fédérer les assemblées générales entre elles, nous entamons un processus qui permet d’entrevoir un autre fonctionnement pour la société toute entière.