Bonjour, ci-dessous le tract que j’ai préparé pour le 1er mai à Rouen.
LE TRAVAIL N’EST PAS UNE FÊTE ; LE TRAVAIL OBLIGATOIRE POUR « MÉRITER » LES AIDES SOCIALES EST UNE DÉFAITE MAJEURE DE TOUS LES SALARIÉS
Nous devons nous opposer radicalement aux 15 heures de travail obligatoire exigées en contrepartie du RSA (version française du WORFARE).
En créant une confusion entre valeur « morale » et valeur « économique » les profiteurs (la classe possédante et l’État), veulent nous faire oublier que pour le capitalisme le travail est une marchandise. Les surnuméraires qui ne correspondent pas aux besoins du capitalisme, qui ne sont pas assez rentables, vont le devenir avec l’aide de l’État, qui va livrer la vie de ces travailleurs au marché du recyclage du travail.
Beaucoup d’entre nous attribuent une valeur morale au travail. Pourtant une large quantité de ce que nous produisons est plutôt destructeur des vies et de l’environnement. Ne serait-ce que, parce que vendre son temps de travail (et on vient de se faire voler deux années de nos vies), c’est aussi perdre ce qui nous fait humain, notre temps pour l’agir politique, pour penser le monde tel que nous le voulons pour nous et nos enfants, pour apprendre, pour voyager, aimer, se divertir. Tout ce qui pourrait être gratuit si ce n’était pas marchandisé petit à petit pour sauver le capitalisme, tout le capital immatériel comme ils disent.
Peut-on considérer que l’industrie d’armement apporte un mieux être à la condition humaine ? La production inconsidérée de vêtements jetés d’une année sur l’autre, les matières polluantes qui détruisent les espaces de vie des populations les moins favorisées de la planète, les matières plastiques dont on a inondé les rayons des supermarchés, la nourriture industrielle qui empoisonne régulièrement les consommateurs, l’avons nous vraiment choisi ?
Tant que nous ne déciderons pas collectivement, en dehors des profits financiers, de ce que nous voulons produire, de la manière dont nous voulons le produire, et de la quantité qui nous est nécessaire, nous ne déciderons rien de notre travail.
Nous sommes sans cesse culpabilisés sur les véhicules que nous utilisons et sur la pollution que nous provoquons, mais de la même façon que les pays riches achètent aux pays pauvres leur droit de polluer, nous ne pouvons pas ignorer que les plus pauvres d’entre nous (en majeure partie des femmes précaires) consomment moins que les autres, avec le RSA dont est soustraite l’allocation logement, vous ne polluez pas autant que les classes supérieures. Et quand vous n’êtes pas obligés de prendre votre voiture pour aller chaque jour au travail (les transports en commun étant la plupart du temps inexistants pour les heures de travail qui vous sont demandées) vous polluez moins que les riches.
Tout cela pour démontrer que le discours dominant, lavage de cerveau des médias (aux mains des plus riches) conspuant les pauvres « profiteurs de l’aide sociale », est un discours de dupes, pour contraindre la classe entière des travailleurs à accepter les valeurs (im)morales du travail au lieu de se poser la question économique.
Est ce l’intérêt de la classe des travailleurs de laisser mettre au travail forcé ceux qui sont rendus surnuméraires par le capitalisme ?
Dès l’apparition des contrats aidés puis dans tous les pays où se sont développés les workfares, les travailleurs salariés, qui pouvaient se syndiquer, qui avaient des droits au travail qui les protégeaient un peu de l’exploitation ont été mis en concurrence sur le marché du travail avec les travailleurs précaires (qui sont majoritairement des travailleuses). Par exemple l’arrivée des TUC à déréglementé les travail des ASH et des brancardiers dans les hôpitaux. Les gouvernants réduisent leurs budgets en licenciant les salariés et en faisant travailler gratuitement les demandeurs de prestations sociales. Le samedi 5 avril 2024, les membres de Liverpool IWW ont organisé des manifestations «menace de la honte».contre les entreprises qui utilisent ce travail forcé et non payé. Ils soulignent l’exploitation intense des travailleurs dans le cadre de divers programmes de travail (obligatoire et gratuit, ainsi que la pression que cela exerce sur les salaires et les conditions de travail de la classe ouvrière).
Les conditions de travail dans les centres d’hébergement d’Emmaüs :les travailleurs sont sans salaires et sans droits du travail ; ils sont soumis au travail obligatoire, sans reconnaissance de leurs arrêts maladies, de leurs accidents du travail, avec des menaces permanentes d’être jetés à la rue, de perdre le peu de pécule qui leur est alloué (le rythme d’un compagnon chez Emmaüs, c’est 40 heures par semaine). Rétribué non pas par un salaire, mais par un pécule. Une allocation de 390 euros par mois en l’échange de ce travail à temps plein. Ce pécule est un maximum et beaucoup de communautés ne le respectent même pas… On peut alors imaginer la peur et la dépendance de ces travailleurs soumis à l’arbitraire des chefaillons (un responsable Emmaüs est payé 30 – 40 k€ bruts annuels)
C’est le statut qui leur a été attribué par Martin Hirsch, Les Oacas (organisme d’accueil communautaire et d’activités solidaires) peuvent « faire participer ces personnes à des activités d’économie solidaire afin de favoriser leur insertion sociale et professionnelle ». Au début des années 2000, il y a eu des grèves des personnes hébergées dans les CHRS, qui ne voulaient plus subir un travail humiliant imposé en contrepartie de leur hébergement, alors qu’ils payaient avec une allocation logement leur hébergement. De plus, leur travail était revendu et source de profits par le CHRS. L’avènement du RSA soutenu par gauches et droites confondues et le statut des OACAS a fait taire ces revendications. Légalement, les centres d’hébergement peuvent faire travailler pour un pécule, comme en prison, les personnes accueillies.
On retrouve ces conditions de travail délétères dans certains CAT ou l’exploitation des personnes handicapées est nuisible à leur état de santé. Les arrêts maladie mal acceptés, le travail prescrit aggravant les déficits corporels (par exemple un travailleur handicapé obligé de faire un travail de force alors qu’il avait une déformation importante de la colonne vertébrale, ce qui lui causait des douleurs insoutenables. Malgré l’intervention d’un acteur de santé, ce travailleur n’a pas pu faire reconnaître son incapacité à ce poste de travail).
Pensons-nous que ces conditions d’invisibilisation et d’exploitation du travail gratuit ne soient réservées qu’à une catégorie négligeable de la société. Si c’est le cas, ce n’est pas bien raisonnable parce que, comme le dit Andrex Ross, « le travail gratuit pourrait bien être l’avenir du capitalisme. »
« Les entreprises s’appuient de plus en plus sur de nouvelles formes de travail gratuit. Les moyens ne manquent pas : il y a l’externalisation ouverte [utilisation du savoir-faire des internautes pour effectuer des tâches traditionnellement effectuées par des salariés], l’exploration de données et autres techniques numériques permettant d’obtenir gratuitement des idées ou des informations auprès d’internautes consentants, le travail obligatoire dans les prisons et les stages quasi obligatoires dans le secteur tertiaire » On peut rajouter l’apprentissage et les stages d’immersion en entreprise, les formations en alternance ou notées et sans droit de grève, personne n’ose « l’ouvrir ».
Sans parler des « hope jobs », stages non payés, travail gratuit, dans l’espoir d’accéder à une reconnaissance et un travail rémunéré. Ces emplois non payés profitent bien plus aux classes supérieures, qui ont un soutien familial et peuvent ainsi construire leur réseau et accéder par le suite à des emplois bien rémunérés ; ce n’est pas le cas des travailleuses et travailleurs des classes pauvres, qui retombent systématiquement dans la pauvreté.
Quand il cogère l’État et défend des intérêts catégoriels, le syndicalisme abandonne à la merci du capitalisme des pans entiers de la vie des travailleurs. Il participe à définir le travail productif, à la hiérarchisation des travailleurs et rend aveugle le travail invisible. Il brouille les frontières de classe et inféode les luttes sociales aux intérêts des partis politique au service de l’État (confiscation de la violence au service des intérêts des classes dominantes).
Prenons en mains le cours de nos vie, Organisons la résistance populaire, par et pour nous-mêmes, sur nos lieux de travail, dans nos villes, partout où c’est possible !
2 thoughts on “Non au travail forcé!”
Bonjour, ci-dessous le tract que j’ai préparé pour le 1er mai à Rouen.
LE TRAVAIL N’EST PAS UNE FÊTE ; LE TRAVAIL OBLIGATOIRE POUR « MÉRITER » LES AIDES SOCIALES EST UNE DÉFAITE MAJEURE DE TOUS LES SALARIÉS
Nous devons nous opposer radicalement aux 15 heures de travail obligatoire exigées en contrepartie du RSA (version française du WORFARE).
En créant une confusion entre valeur « morale » et valeur « économique » les profiteurs (la classe possédante et l’État), veulent nous faire oublier que pour le capitalisme le travail est une marchandise. Les surnuméraires qui ne correspondent pas aux besoins du capitalisme, qui ne sont pas assez rentables, vont le devenir avec l’aide de l’État, qui va livrer la vie de ces travailleurs au marché du recyclage du travail.
Beaucoup d’entre nous attribuent une valeur morale au travail. Pourtant une large quantité de ce que nous produisons est plutôt destructeur des vies et de l’environnement. Ne serait-ce que, parce que vendre son temps de travail (et on vient de se faire voler deux années de nos vies), c’est aussi perdre ce qui nous fait humain, notre temps pour l’agir politique, pour penser le monde tel que nous le voulons pour nous et nos enfants, pour apprendre, pour voyager, aimer, se divertir. Tout ce qui pourrait être gratuit si ce n’était pas marchandisé petit à petit pour sauver le capitalisme, tout le capital immatériel comme ils disent.
Peut-on considérer que l’industrie d’armement apporte un mieux être à la condition humaine ? La production inconsidérée de vêtements jetés d’une année sur l’autre, les matières polluantes qui détruisent les espaces de vie des populations les moins favorisées de la planète, les matières plastiques dont on a inondé les rayons des supermarchés, la nourriture industrielle qui empoisonne régulièrement les consommateurs, l’avons nous vraiment choisi ?
Tant que nous ne déciderons pas collectivement, en dehors des profits financiers, de ce que nous voulons produire, de la manière dont nous voulons le produire, et de la quantité qui nous est nécessaire, nous ne déciderons rien de notre travail.
Nous sommes sans cesse culpabilisés sur les véhicules que nous utilisons et sur la pollution que nous provoquons, mais de la même façon que les pays riches achètent aux pays pauvres leur droit de polluer, nous ne pouvons pas ignorer que les plus pauvres d’entre nous (en majeure partie des femmes précaires) consomment moins que les autres, avec le RSA dont est soustraite l’allocation logement, vous ne polluez pas autant que les classes supérieures. Et quand vous n’êtes pas obligés de prendre votre voiture pour aller chaque jour au travail (les transports en commun étant la plupart du temps inexistants pour les heures de travail qui vous sont demandées) vous polluez moins que les riches.
Tout cela pour démontrer que le discours dominant, lavage de cerveau des médias (aux mains des plus riches) conspuant les pauvres « profiteurs de l’aide sociale », est un discours de dupes, pour contraindre la classe entière des travailleurs à accepter les valeurs (im)morales du travail au lieu de se poser la question économique.
Est ce l’intérêt de la classe des travailleurs de laisser mettre au travail forcé ceux qui sont rendus surnuméraires par le capitalisme ?
Dès l’apparition des contrats aidés puis dans tous les pays où se sont développés les workfares, les travailleurs salariés, qui pouvaient se syndiquer, qui avaient des droits au travail qui les protégeaient un peu de l’exploitation ont été mis en concurrence sur le marché du travail avec les travailleurs précaires (qui sont majoritairement des travailleuses). Par exemple l’arrivée des TUC à déréglementé les travail des ASH et des brancardiers dans les hôpitaux. Les gouvernants réduisent leurs budgets en licenciant les salariés et en faisant travailler gratuitement les demandeurs de prestations sociales. Le samedi 5 avril 2024, les membres de Liverpool IWW ont organisé des manifestations «menace de la honte».contre les entreprises qui utilisent ce travail forcé et non payé. Ils soulignent l’exploitation intense des travailleurs dans le cadre de divers programmes de travail (obligatoire et gratuit, ainsi que la pression que cela exerce sur les salaires et les conditions de travail de la classe ouvrière).
Les conditions de travail dans les centres d’hébergement d’Emmaüs :les travailleurs sont sans salaires et sans droits du travail ; ils sont soumis au travail obligatoire, sans reconnaissance de leurs arrêts maladies, de leurs accidents du travail, avec des menaces permanentes d’être jetés à la rue, de perdre le peu de pécule qui leur est alloué (le rythme d’un compagnon chez Emmaüs, c’est 40 heures par semaine). Rétribué non pas par un salaire, mais par un pécule. Une allocation de 390 euros par mois en l’échange de ce travail à temps plein. Ce pécule est un maximum et beaucoup de communautés ne le respectent même pas… On peut alors imaginer la peur et la dépendance de ces travailleurs soumis à l’arbitraire des chefaillons (un responsable Emmaüs est payé 30 – 40 k€ bruts annuels)
C’est le statut qui leur a été attribué par Martin Hirsch, Les Oacas (organisme d’accueil communautaire et d’activités solidaires) peuvent « faire participer ces personnes à des activités d’économie solidaire afin de favoriser leur insertion sociale et professionnelle ». Au début des années 2000, il y a eu des grèves des personnes hébergées dans les CHRS, qui ne voulaient plus subir un travail humiliant imposé en contrepartie de leur hébergement, alors qu’ils payaient avec une allocation logement leur hébergement. De plus, leur travail était revendu et source de profits par le CHRS. L’avènement du RSA soutenu par gauches et droites confondues et le statut des OACAS a fait taire ces revendications. Légalement, les centres d’hébergement peuvent faire travailler pour un pécule, comme en prison, les personnes accueillies.
On retrouve ces conditions de travail délétères dans certains CAT ou l’exploitation des personnes handicapées est nuisible à leur état de santé. Les arrêts maladie mal acceptés, le travail prescrit aggravant les déficits corporels (par exemple un travailleur handicapé obligé de faire un travail de force alors qu’il avait une déformation importante de la colonne vertébrale, ce qui lui causait des douleurs insoutenables. Malgré l’intervention d’un acteur de santé, ce travailleur n’a pas pu faire reconnaître son incapacité à ce poste de travail).
Pensons-nous que ces conditions d’invisibilisation et d’exploitation du travail gratuit ne soient réservées qu’à une catégorie négligeable de la société. Si c’est le cas, ce n’est pas bien raisonnable parce que, comme le dit Andrex Ross, « le travail gratuit pourrait bien être l’avenir du capitalisme. »
« Les entreprises s’appuient de plus en plus sur de nouvelles formes de travail gratuit. Les moyens ne manquent pas : il y a l’externalisation ouverte [utilisation du savoir-faire des internautes pour effectuer des tâches traditionnellement effectuées par des salariés], l’exploration de données et autres techniques numériques permettant d’obtenir gratuitement des idées ou des informations auprès d’internautes consentants, le travail obligatoire dans les prisons et les stages quasi obligatoires dans le secteur tertiaire » On peut rajouter l’apprentissage et les stages d’immersion en entreprise, les formations en alternance ou notées et sans droit de grève, personne n’ose « l’ouvrir ».
Sans parler des « hope jobs », stages non payés, travail gratuit, dans l’espoir d’accéder à une reconnaissance et un travail rémunéré. Ces emplois non payés profitent bien plus aux classes supérieures, qui ont un soutien familial et peuvent ainsi construire leur réseau et accéder par le suite à des emplois bien rémunérés ; ce n’est pas le cas des travailleuses et travailleurs des classes pauvres, qui retombent systématiquement dans la pauvreté.
Quand il cogère l’État et défend des intérêts catégoriels, le syndicalisme abandonne à la merci du capitalisme des pans entiers de la vie des travailleurs. Il participe à définir le travail productif, à la hiérarchisation des travailleurs et rend aveugle le travail invisible. Il brouille les frontières de classe et inféode les luttes sociales aux intérêts des partis politique au service de l’État (confiscation de la violence au service des intérêts des classes dominantes).
Prenons en mains le cours de nos vie, Organisons la résistance populaire, par et pour nous-mêmes, sur nos lieux de travail, dans nos villes, partout où c’est possible !
merci à toi