Le comité de soutien palois à Pinar Selek et aux prisonniers politiques en Turquie organise une soirée de soutien à Pinar Selek et Asli Erdogan ce jeudi 30 mars à 19H30 à la Pépinière à Pau. Des lectures de textes de ces deux femmes persécutées par l’Etat Turc et une animation musicale sont prévues avec

Camille Case et Amandine Monin (slam), To Mangiko (musique grecque, rebetiko), Yohan Villanua (écrivain) et d’autres artistes…

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Pour ceux qui ne connaissent pas leur situation, voici quelques informations:

PINAR SELEK :

Biographie :

Fille d’Alp Selek, un avocat qui a passé quatre ans et demi en prison après le coup d’État de septembre 1981 et de Ayla Selek, pharmacienne, elle est par ailleurs la petite-fille de Haki Selek, un des fondateurs du Parti des Travailleurs de Turquie. Ancienne élève du lycée Notre-Dame de Sion à Istanbul, Pınar Selek est actuellement doctorante en sciences politiques à l’Université de Strasbourg.

Pınar Selek est connue pour ses écrits sur les groupes opprimés en Turquie. Elle plaide pour une approche sociologique qui ne situe pas en surplomb des personnes enquêtées mais repose sur une immersion de longue durée (comme elle le résume dans un des articles récents paru en français). Ainsi son mémoire de DEA soutenu en 1997 portait sur la Rue Ulkër à Istanbul. Ayant partagé la vie des enfants de la rue pour mieux les connaitre, parfois enfants de prostituées, jeunes homosexuels, elle mena sa recherche sur les transsexuels qui furent exclus de cette rue. Après ce travail, elle commence une enquête d’histoire orale sur la diaspora politique kurde au Kurdistan, en Allemagne et en France. La police turque arrête Pınar Selek le 11 juillet 1998 et lui demande de livrer le nom de ses enquêtés.

Elle refuse de donner ces noms malgré les actes de torture qu’elle subit. Commence alors une des affaires judiciaires les plus emblématiques de la répression que subissent intellectuels, universitaires étudiants, artistes et journalistes en Turquie.

Sa thèse en cours porte sur les mouvements sociaux turcs. Elle a déjà publié plusieurs travaux de sociologie en Turquie dont une partie commence à être traduite en français. Elle enseigne les sciences politiques à l’Université Nice-Sophia-Antipolis depuis 20166,7. Elle est également écrivaine et a publié plusieurs essais et romans. Pınar Selek a cofondé en 2001 l’association Amargi, qui lutte contre les violences faites aux femmes.

Communiqué de soutien :

« Depuis 1998, Pinar Selek est soumise à un procès kafkaïen mais elle résiste.

En 2014 elle a été acquittée pour la quatrième fois mais le procureur a fait appel une fois de plus.

Depuis, l’affaire Pinar Selek était renvoyée dans les méandres de la justice.

Le 25 janvier 2017, après une attente infinie, le procureur de la Cour de Cassation a donné son avis : il demande une condamnation à perpétuité.

Cour d’assise, Cour pénale, Cour de cassation, la procédure qui dure depuis 19 ans est si complexe qu’elle fait tourner la tête. L’enjeu pour Pinar Selek, ses proches et ses soutiens est de garder l’équilibre malgré ce procès infâme.

Lorsque l’on se penche sur la chronologie de ce procès, on comprend l’ampleur de l’acharnement.

Et pour ne pas se laisser ensevelir on construit des stratégies de résistance.

Et pour cela nous devons être nombreuses et nombreux.

Pinar Selek est le symbole d’une Turquie résistante malgré la répression, qui doit pouvoir continuer à penser, à créer, à s’organiser, à lutter.

Tous les liens que Pinar Selek a tissés ici et ailleurs, sont une force collective, cette force peut agir maintenant: empêcher sa condamnation, faire connaître ses écrits, ses idées, résister à ses côtés, ouvrir des portes et des chemins qui la protègeront et lui donneront l’énergie de continuer.

Il y a beaucoup à faire, chacun-e trouvera sa façon de faire.

Pinar Selek n’est pas seule ! »

Pétition pour Pinar Selek

Bibliographie :

  • Travailler avec ceux qui sont en marge, Socio-Logos, avril 2010, no 5
  • Loin de chez moi mais jusqu’où ?, Donnemarie-Dontilly, Éditions iXe, coll. « La petite IXe », 2012, 56 p. (ISBN 979-10-90062-11-5)
  • La Maison du Bosphore, Éditions Liana Levi, Paris, 2013, 400 p. (ISBN 978-2867466694)
  • Devenir homme en rampant, Paris, L’Harmattan, 218 p. Paris, 2014 (traduction de Sürüne Sürüne erkek olmak paru en 2008) (ISBN 9782343024417)
  • Parce qu’ils sont Arméniens, Éditions Liana Levi, 96 p. Paris, 2015. (ISBN 978-2867467646)

ASLI ERDOGAN :

Biographie :

Aslı Erdoğan, née le 8 mars 1967, est une romancière turque, journaliste, militante pour les droits de l’homme , arrêtée le 17 août 2016 et emprisonnée dans la prison Barkirköy d’Istanbul, libérée le 29 décembre 2016 .Elle est lauréate du prix Tucholsky 2016.

Ses parents ont été détenus et torturés par les régimes turcs issus de putschs, dans les années 1980 et 19901. Elle fait des études en physique et vient à 24 ans au centre européen de recherche nucléaire à Genève et devient la première étudiante turque en physique dans ce centre de recherche3. Devenue chargée de recherche en physique nucléaire, elle interrompt ce parcours scientifique pour se consacrer à l’écriture.

Après deux années en Amérique latine consacrées à des études d’anthropologie, elle rentre en Turquie en 1996 et reprend sa production littéraire.

Aslı Erdoğan s’engage dans la défense des droits humains, des droits des femmes (elle dénonce des viols de jeunes kurdes par la police turque) ainsi que de la cause kurde et la reconnaissance du génocide arménien.

De 1998 à 2000, elle représente la Turquie dans le «Comité des écrivains emprisonnés» du Pen Club International.

En 2014, pour dénoncer le siège de Kobané par les forces de l’État islamique, elle est à l’origine d’une marche des écrivains à la frontière syrienne.

Communiqué de soutien :

« Asli Erdoğan, l’une des écrivaines les plus importantes de la littérature turque, dont l’œuvre porte la voix et la sensibilité des déshérités, des esseulés, des femmes privées de droits, a été arrêtée le 17 août 2016, en même temps que les vingt autres membres de la rédaction du journal d’opposition réputé pro-kurde Özgür Gündem.

Dans une Turquie qui fut le seul pays musulman laïc et qui aujourd’hui tourne le dos à toute espérance démocratique, elle incarne les droits humains et la démocratie bafoués. Le 29 décembre 2016, lors de la première audience de son procès, elle a été mise en liberté conditionnelle. Nous sommes convaincus que c’est grâce à la mobilisation dans le monde en sa faveur. Mais une prochaine audience aura lieu le 14 mars, il lui est fait interdiction de sortir du territoire et elle encourt la détention à perpétuité.

Le 5 décembre dernier, depuis la prison, elle lançait un appel : «La situation est très grave, terrifiante et extrêmement inquiétante. L’Europe doit prendre ses responsabilités, en revenant vers les valeurs qu’elle avait définies, après des siècles de sang versé, et qui font que “l’Europe est l’Europe” : la démocratie, les droits humains, la liberté d’opinion et d’expression… Nous avons besoin de votre soutien et de solidarité. Nous vous remercions pour tout ce que vous avez fait pour nous, jusqu’à maintenant.»

La solidarité sauve des vies et des libertés. Elle sauve la confiance en l’humanité. Jusqu’à la libération d’Asli Erdoğan et des démocrates turcs menacés, poursuivons la chaîne de solidarité qui s’est formée en Europe depuis leurs arrestations, dédions-leur tout événement auquel nous participerons, lisons en ouverture des pages d’Aslı Erdoğan, parlons d’elle et d’eux, manifestons-leur notre solidarité, rappelons leur détresse et leur courage, exigeons leur libération ! »

Qu’ils sachent que nous ne les oublions pas, que nous sommes de tout cœur à leurs côtés, conscient-e-s que de leur liberté dépend aussi la nôtre. »

Aujourd’hui Asli Erdogan a été libérée mais attend son procès qui aura lieu le 22 juin.

Bibliographie :

  • Les Oiseaux de bois (Tahta Kuşlar), traduit en 9 langues, traduction française par Jean Descat, Actes Sud, 200918.
  • Je t’interpelle dans la nuit (Gecede Sana Sesleniyorum) traduction française de Esin Soysal-Dauvergne parue en 2009.
  • Le Bâtiment de pierre (Taş Bina ve Diğerleri), traduction française parue en 2013 chez Actes Sud.
  • Le silence même n’est plus à toi, traduction française par Julien Lapeyre de Cabanes, Actes Sud, 2017
  • Le Mandarin miraculeux (Mucizevi Mandarin), 1996.
  • La Ville dont la cape est rouge (Kırmızı Pelerinli Kent), 1998.